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L’IA est sur toutes les lèvres, mais de quoi parle-t-on réellement ? Ce n’est pas un sujet nouveau. Initiée par Alan Turing dès les années 40-50, l’intelligence artificielle (IA) désigne un ensemble de techniques et de technologies permettant à des machines, notamment des ordinateurs, de simuler l’intelligence humaine ou de certains animaux. En d’autres termes, l’IA consiste à créer des systèmes capables de réaliser des tâches qui, si elles étaient accomplies par des êtres humains, nécessiteraient de « l’intelligence ». Ces tâches incluent l’apprentissage, le raisonnement, la résolution de problèmes, la compréhension du langage naturel, la perception visuelle, et bien d’autres aspects.

Nous pouvons classer les IA en plusieurs types selon leurs capacités et leurs niveaux de sophistication :

  • IA Faible (IA étroite ou ANI – Artificial Narrow Intelligence) : ce type d’IA est conçu pour accomplir une tâche spécifique ou un ensemble de tâches limitées. Les assistants vocaux comme Siri ou Alexa, les systèmes de recommandation de Netflix ou Amazon, et les chatbots en sont des exemples. Ils peuvent surpasser les humains dans des domaines très précis mais manquent de généralisation et de compréhension au-delà de leur champ d’application.
  • IA Forte (AGI – Artificial General Intelligence) : une IA forte serait capable de comprendre, apprendre, et appliquer ses connaissances de manière autonome dans une grande variété de domaines, comparable à l’intelligence humaine. L’AGI est encore théorique et reste un objectif futuriste.
  • Superintelligence (ASI – Artificial Superintelligence) : au même titre, ce type d’IA surpasserait l’intelligence humaine dans tous les domaines, y compris la créativité, la résolution de problèmes et la prise de décision. L’ASI est un concept hypothétique et suscite à la fois fascination et crainte en raison de ses implications potentiellement radicales pour l’humanité. Mais pour le moment nous sommes très loin d’atteindre ce niveau d’intelligence artificielle.

Pour développer ces systèmes informatiques intelligents, les développeurs et chercheurs ont recours à différentes techniques :

  • L’apprentissage automatique (Machine Learning) : une méthode qui permet aux machines d’apprendre à partir d’un volume de données important et d’améliorer leurs performances sans être explicitement programmées pour chaque tâche.
  • L’apprentissage profond (Deep Learning) : une sous-catégorie de l’apprentissage automatique qui utilise des réseaux neuronaux profonds, composés de nombreuses couches, pour analyser des données à grande échelle et en extraire des modèles complexes. Ces réseaux neuronaux artificiels, inspirés du fonctionnement du cerveau humain, sont utilisés pour des tâches complexes comme la reconnaissance d’images et le traitement du langage naturel (NLP, Natural Langage Processing).

Des intelligences qui fascinent, mais qui inquiètent aussi, en particulier l’espèce humaine. Sommes-nous à l’ère d’une nouvelle espèce humaine, une évolution améliorée de nous-même ? Nous pensions être les seuls à être doté d’une intelligence et nous constatons aujourd’hui que nous pouvons en partie recréer virtuellement, grâce à des algorithmes et des machines cette même intelligence, ou presque.

L’intelligence se limiterait-elle au cerveau humain ?

Les définitions de l’intelligence sont multiples. En effet, difficile de donner une seule définition à l’intelligence. Concept polymorphe, l’intelligence ne se résumerait pas seulement à notre capacité de résoudre des problèmes ou d’agir de façon raisonnée et appropriée dans des situations particulières, et encore moins à la seule possession d’un cerveau. L’intelligence, qu’elle soit pratique, émotionnelle, collective, etc. se conjugue aux pluriels et complexifie notre capacité à en percevoir précisément les contours.

L’intelligence n’est pas seulement l’appanage des neurosciences, et s’inscrit également dans une approche psychologique et sociale. Souvent associée à l’élite, l’intelligence revêt un caractère presque idéaliste, une suprématie à atteindre. Être intelligent nous permettrait de mieux réussir dans la vie, de mieux percevoir le monde. Un jugement de valeur qui ne simplifie pas notre approche du concept de l’intelligence et qui sont difficilement transférable dans un contexte virtuel.

Dans le cas de l’intelligence collective par exemple, c’est la mise en relation de différents savoirs, comportements, raisonnements, etc. qui vont permettre de générer une sorte d’intelligence qui permettra de faire face à une situation particulière. Nos interactions entre individus peuvent prendre la forme d’une intelligence avancée. Des comportements aujourd’hui qui ne s’appliquent pas aux IA, qui ne peuvent pas réellement communiquer entre elles si elles ne sont pas programmées pour se « comprendre ».

Mais alors si avoir un cerveau ne conditionne pas à lui seul le concept d’intelligence, cela veut-t’il dire que les machines peuvent-elles faire preuve d’intelligence ?

Pour moi, je pense que oui. Si on se limite à la définition de savoir résoudre des problèmes par exemple, certaines IA peuvent être en capacité de les résoudre et même de prendre parfois de meilleures décisions qu’un être humain. Ce n’est pas pour autant que cela associe les IA à un concept large d’intelligence humaine. Notamment si on prend également en considération la notion de conscience de soi dans un monde, un environnement. Un concept qui reste encore véritablement le propre de l’humain et du monde animal. Les IA ne disposent pas encore de cette capacité. Bien que chez les IA les plus avancées d’aujourd’hui certaines peuvent laisser penser le contraire. Ces IA jouent en faites sur nos biais de perception et d’empathie, en utilisant un langage naturel programmé de toute pièce pour répondre à cet objectif. Les IA n’ont pas une conscience propre. Elles appliquent simplement les principes qui ont été programmés pour suivre un cheminement logique de pensées selon le modèle mathématique et informatique qui a été construit.

Les IA n’ont pas encore conscience de leur présence dans un écosystème, un monde qui les entoure, elles ne perçoivent pas et ne peuvent interagir physiquement avec le monde. Elles ne peuvent donc pas aujourd’hui être considérées comme des individus à part entière à la conscience physique et psychique.

L’intelligence artificielle peut-elle malgré tout être un ennemi à l’espèce humaine ?

De mon point de vue, l’intelligence artificielle offre plutôt une opportunité inégalée pour nous assister dans notre quotidien. Capable de nous faire grandir, nous devons apprendre à vivre avec et en tirer tous les avantages et les apprentissages qu’elle peut nous offrir. Nous devons être capable de discernement et ne pas prendre toujours pour vrais les propos ou les propositions soumises par les IA. Ce ne sont pas des « sages » qui ont vécus et connus le monde. Il faut plus les voir comme un frère ou une sœur. L’IA peut nous aider à nous dépasser et à analyser un problème avec un autre regard et des paramètres supplémentaires. C’est une intelligence collective entre humain et machine qui se met en place.

L’intelligence artificielle ne pourra de toute façon grandir qu’au même rythme que nous. J’entends par là que la seule limite pour faire progresser les IA sera notre propre limite humaine. À nous de les programmer et de les faire évoluer comme nous le souhaitons. Je ne suis pas convaincu que les IA pourront vivre en totale autonomie. Sauf évidemment, si d’ici là nous avons réussi à développer une ASI dédiée exclusivement pour ça, mais je ne pense pas que nous y arrivions un jour.

Pour continuer sur le sujet, je recommande les podcasts suivants de Radio France :

©2024 • Nicolas Matrat